Doc d'Occitanie

Pouvez-vous présenter votre sujet de thèse , en quoi il présente un potentiel de valorisation économique ?

La génération de grosses molécules d'ADN devient de plus en plus importante pour un large éventail d'applications biotechnologiques, notamment la bioproduction, l'agriculture et les produits pharmaceutiques. La fabrication de longues séquences d’ADN ouvre en effet la voie à des microorganismes capables de produire des molécules utiles pour l’industrie, des plantes plus performantes et de nouveaux traitements médicaux. Ce sont des modifications que l’on sait faire aujourd’hui mais plus ou moins aisément ; l’accès à de grosses molécules d’ADN simplifierait grandement les expérimentations. A  ce jour, les technologies de synthèse d'ADN sont généralement limitées à des tailles d'ADN d'environ 5 kb. Pour élaborer des constructions plus grandes, plusieurs fragments d'ADN doivent être combinés. Pour relever ce défi, nous utilisons la levure comme plate-forme d'assemblage pour construire de grandes molécules d'ADN.

Qu'est-ce qui vous a motivé à postuler au programme Doc d'Occitanie ?

J'ai postulé au programme Doc d'Occitanie pour approfondir ma compréhension du transfert de technologie et de la valorisation. Je souhaitais découvrir comment la recherche scientifique peut être liée à des applications pratiques, notamment par le biais de services qui répondent à des besoins spécifiques en biotechnologie. J'étais également impatiente d'explorer le potentiel de la solution que nous envisageons et d'identifier des voies concrètes pour faire avancer cette idée.

Le conseil en propriété industrielle a-t-il changé votre façon d’aborder vos résultats scientifiques ?

Nous avons appris qu'il existe différentes façons de protéger les résultats au-delà du brevet, et notamment quelle stratégie utiliser pour partager nos résultats, ce qui nous rend maintenant plus attentifs lors de la planification des publications.

Si vous deviez résumer en une phrase l'apport de ce soutien, de votre projet, retenir un enseignement clé de ce programme, que diriez-vous ?

Au-delà de l'accompagnement dans la valorisation potentielle de mon projet, le principal enseignement est que le transfert de technologie est un processus multidisciplinaire – incluant la propriété intellectuelle, l'analyse de marché, la communication, etc. – et que je dois rendre mon travail compréhensible à des non-spécialistes dans mon domaine. A chacun son expertise !

Voyez-vous une éventuelle application industrielle ou sociétale de vos résultats à court ou moyen terme ?

Je souhaite mettre en place un test pilote à TBI (Toulouse Biotechnology Institute) pour s'assurer de l'intérêt que pourrait susciter notre solution. Cela servirait également d'expérience d'apprentissage pour interagir avec des clients potentiels et pourrait aider à éclairer une future mise à l'échelle.

Comment ce programme a-t-il influencé vos perspectives de carrière après le doctorat ?

Honnêtement, je suis encore en train de déterminer mes prochaines étapes, mais je suis consciente qu'il existe d'autres options au-delà du milieu universitaire que je n’avais pas identifié auparavant.

Après cette expérience, comment voyez-vous l'avenir ? Une startup à créer, un transfert dans une entreprise existante, ou un autre parcours ?

Mon aspiration serait de créer une startup à terme, même si cela me semble loin pour le moment.

Question à Christophe Danelon, directeur de thèse, chercheur à TBI

Qu'avez-vous pensé lorsque votre doctorant vous a parlé de ce dispositif ? Avez-vous été immédiatement favorable à sa candidature ?

J'ai pensé que c'était une belle occasion pour les doctorants d'en apprendre davantage sur l'innovation et le transfert de technologie. Je n'ai pas d'expérience moi-même dans ce domaine et j'ai été d'un grand soutien lorsque Laura m'a demandé de postuler.

Selon vous, qu'est-ce qu'un tel programme apporte à l'évolution professionnelle d'un jeune chercheur, au-delà de sa thèse ?

Tous les doctorants ne feront pas une carrière académique, parce qu'ils n'y aspirent pas ou qu'ils échouent à trouver un poste approprié. Dans certains milieux de recherche, s'écarter d'un parcours académique peut être perçu comme un échec. C'est une perception erronée. Un tel programme apporte une perspective équilibrée, sensibilise aux opportunités de carrière alternatives, en particulier lorsque le projet de recherche est très fondamental (pas d'applications évidentes à court terme ou de collaborations établies avec des industriels).   

Après cette expérience, seriez-vous plus enclin à recommander d'autres doctorants pour postuler à ce type d'accompagnement ?

En supposant que le doctorant veuille participer avec un objectif clair et qu'il puisse parfois gérer une charge de travail plus élevée, oui.