Innov'Start(H)er
Karine Seymour, CEO d'AvrioMedtech interviendra lors du bootcamp "Innov Start(H)er" dédié à l'entrepreneuriat Deeptech. Découvrez dans cette ITW, son parcours & sa vision d'entrepreneure
Parcours et motivations
Pouvez-vous nous raconter votre parcours, depuis vos débuts dans la recherche jusqu’à votre aventure entrepreneuriale ?
Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer du monde académique à celui de l’entrepreneuriat, un déclic ?
"Je suis ingénieure de formation initiale (ENSTA Paris + Master of Applied Sciences- University of British Columbia, Canada). J’ai commencé ma carrière en 1997 chez un éditeur de logiciel en imagerie médicale à Vancouver au Canada, puis suis rentrée en France début 2000. J’ai co-fondé ma première entreprise, XPRIM (Expertise en Réseau d’Imagerie Médicale), en 2002. Nous étions distributeurs en France de cet éditeur Canadien. XPRIM a été cédée à McKesson France. Cette activité est aujourd’hui toujours existante et est intégrée au groupe La Poste. J’ai continué à évoluer quelques années au sein de McKesson France, puis ai intégré le GIP e-Santé Midi-Pyrénée où j’ai porté plusieurs projets régionaux d’envergure, principalement centrés sur l’imagerie médicale. En 2014, j’ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale, Medexprim, dont la mission était de valoriser les archives d’images médicales des établissements de santé pour la recherche. J’ai suivi un Executive MBA à Toulouse Business School pour compléter mon bagage technique avec des compétences en stratégie, finance, marketing. J’ai passé la présidence de Medexprim en 2020 et en suis sortie en 2022. Medexprim est maintenant intégré au groupe suisse BCPlatforms. A peu près à la même époque, j’ai eu l’opportunité, grâce à Toulouse Tech Transfer, de rencontrer des chercheurs ayant un projet de création d’entreprise dans le développement d’un logiciel pour la prise en charge de l’épilepsie. Après plusieurs mois d’échange sur le projet, nous avons décidé de nous associer. Ainsi est né Avrio MedTech.
C’est donc ma 3è start-up, avec à chaque fois un contexte et un « déclic » différent. La première fois (XPRIM), la création a été la solution pour faire perdurer une activité que j’avais lancée en tant que salariée. Pour Medexprim, j’avais identifié une opportunité d’innovation et un besoin métier. Le déclic a été un besoin de changement par rapport à l’emploi que j’occupais à l’époque. Enfin, pour Avrio MedTech, je n’ai pas été à l’origine du projet et ne cherchais pas à me relancer dans une aventure entrepreneuriale. Le déclic a été la rencontre et le bon match avec mes associés, et l’accompagnement dont le projet bénéficiait déjà (TTT notamment).
Ce que j’aime dans l’entreprenariat, c’est le challenge, la liberté, le sentiment de faire bouger les lignes, de fédérer tout une équipe vers un but commun."
Innovation et deeptech
Quelle est l’innovation à l’origine de votre startup et comment est-elle née ?
"Avrio MedTech valorise environ 10 ans de recherche académique sur la détection de biomarqueurs de l’épilepsie dans des signaux électroencéphalogrammes intracrâniens (mesure de l’activité électrique du cerveau), pour identifier la zone responsable des crises d’épilepsie en vue d’une opération. Un prototype a été développé dans le cadre de la thèse de doctorat de Ludovic Gardy, encadré par Emmanuel Barbeau, Directeur de recherche CNRS au CerCo (Centre d’Etude et de Recherche Cerveau et Cognition) et Christophe Hurter, prof à l’ENAC et spécialiste de l’IA et visualisation de données."
Quel rôle la recherche publique a-t-elle joué dans la maturation de votre technologie ?
"La recherche publique a permis d’établir une preuve de concept et poser les bases de la propriété intellectuelle (dépôt de brevet). Grâce au concours de Toulouse Tech Transfer, la solution a été portée jusqu’à un TRL 7 environ permettant une commercialisation dans un cadre de recherche. "
Passage à l'action
Avez-vous bénéficié d’un accompagnement pour vous lancer (incubateur, SATT, mentor…) ?
"Oui. Toulouse Tech Transfer, CNRS Rise, soutien financier de la région dans la phase de prématuration. Après la création de la société, nous avons bénéficié des soutiens financiers de BPIFrance (Bourse French Tech Emergence), Créalia, l’Europe (AAP DESIRE + WomenTechEU), la Caisse d’Epargne et l’Etat (statut JEI, CIR)."
Femme, science et entrepreneuriat
Avez-vous rencontré des freins ou des biais en tant que femme dans ce parcours ?
"Non. "
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une chercheuse qui envisage de se lancer ?
"Bien s’entourer. Veiller à ce qu’il y ait un profil commercial/marketing dans l’équipe."
Regard personnel
Quelle est la « leçon » la plus marquante que vous avez apprise depuis que vous êtes entrepreneure ?
"Il y en a plusieurs… Rester fidèle à ses valeurs. Se focaliser sur la vente et validation du modèle économique, même si le produit n’est pas fini. Être ambitieuse, sans pour autant se brûler les ailes. Ne pas fermer les yeux sur une situation qui est contraire à son éthique ou ses convictions. Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué."
Quel impact espérez-vous avoir sur la société ou sur votre secteur grâce à votre technologie ?
"Nous espérons transformer la prise en charge de l’épilepsie et permettre à plus de patients d’accéder à une vie normale."
Que signifie pour vous « innover » aujourd’hui ?
"Innover, c’est réunir toutes les conditions pour qu’une invention ou une idée puisse se développer et bénéficier à un public large, pour impacter les pratiques actuelles."
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